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Dernière mise à jour : 3 mars




La scène est (trop) familière. Une attaque terroriste secoue un État-nation, semant la terreur et la destruction. Dans le sillage de l'horreur, l'indignation du public et les appels à la justice résonnent à travers le monde. L'attaque du Hamas contre la population israélienne le 7 octobre 2023 a glacé le sang du monde occidental, allié de l'État Hébreu. Depuis, dans les médias, les soutiens du peuple palestinien s'écharpent avec ceux qui défendent le droit d'Israël à se venger des actes odieux d'un groupe terroriste. Plus que tout autre conflit, celui opposant Israël à la Palestine est sans conteste celui qui déchaîne le plus les passions, pour des raisons différentes. Parfois, les tentatives d'explication sont vues et comprises comme la légitimation d'actes condamnables, nécessitant la mise au ban de ceux qui ont des paroles trop ou pas assez dures à l'encontre de l'un des deux camps.


Un mois après l'attaque, l'escalade de la violence semble inarrêtable. Israël, meurtri par les pertes et une prise d'otages de grande ampleur, riposte en arguant que le droit international stipule de façon claire qu'un pays attaqué a le droit de se défendre. Dans quel but ? Détruire purement et simplement le Hamas. L'objectif a le mérite d'être clair. Pourtant, l'Histoire a montré que l'élimination de l'assaillant n'arrive jamais. Cet article vise à s'attaquer à l'épineuse question de la réponse disproportionnée des États-nations aux attaques d'organisations terroristes. Il ne cherche pas à nourrir le débat sur l'atrocité des actes terroristes en eux-mêmes mais bien à s'interroger sur les retombées dévastatrices de ces représailles, non seulement pour les parties en conflit, mais aussi pour le monde entier.


Au-delà des exemples historiques et contemporains, il devient urgent de se plonger dans le dilemme philosophique qui sous-tend cette question, d'explorer les concepts de la théorie de la guerre juste, ainsi que les obligations morales et juridiques des États-nations en réponse aux actes de terrorisme. Car la poudrière israelo-palestinienne, au vu des dernières années, pouvait difficilement évoluer d'une manière différente. Si ce conflit est l'un des plus médiatisés, il ne faut pas oublier l'existence d'autres situations potentiellement explosives, de foyers de tensions géopolitiques qui menacent de s'embraser à tout moment, comme la brûlante question de l'avenir de Taïwan. Quelles leçons pouvons-nous tirer de l'Histoire pour prévenir de futurs conflits? Sommes-nous condamnés à la voir inlassablement se répéter ? La réponse militarisée est-elle la seule viable pour ne pas donner raison aux terroristes ?


Il est temps de réfléchir sérieusement à ces questions.


L'HISTOIRE EST JONCHÉE DE RÉPONSES DISPROPORTIONNÉES


Il n'est pas bien difficile de rechercher dans l'Histoire Internationale récente des réponses disproportionnées aux actes terroristes. Certains événements sont emblématiques, d'autres moins connus, mais pas moins symboliques de la seule réponse apportée à de perfides attaques. Le cas de Pearl Harbor fait date, et il peut difficilement y avoir débat sur son lien direct avec le largage des deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Il est vrai que le monde était alors plongé dans une guerre mondiale, mais cet acte n'en a pas moins eu pour conséquences de définir tout un pan des relations internationales, tandis que le monde se redéfinissait de manière bipolaire et que l'architecture mondiale visait à abolir d'abord, à limiter ensuite la prolifération d'armes nucléaires. Toutefois, cette réponse disproportionnée (2400 morts à Pearl Harbor, plus de 200 000 à Hiroshima et Nagasaki, sans compter les retombées radioactives) entraîna une morbide habitude qui semble frapper d'amnésie les responsables politiques.


Un cas moins connu a traversé l'Histoire française. C'est celui du soulèvement de Philippeville en Algérie, en 1955. 123 personnes, européens et musulmans, furent sauvagement assassinés par des membres du Front de Libération Nationale (FLN) à Philippeville. La réponse des autorités ne se fit pas attendre. Pour les indépendantistes Algériens, il s'agissait de se venger de précédents massacres, à Sétif notamment, tandis que pour les Français, on le décrivait simplement comme une acte odieux et inhumain perpétré par des bêtes sauvages. Le parallèle avec le 7 octobre 2023 et la réaction, d'abord de communication, puis d'actes de représailles, ne s'arrêtent pas là. Le gouverneur de l'époque misa sur une répression qui coûta la vie à plus de 10 000 personnes. Avait-il réussi à rendre justice aux 123 victimes de Philippeville ? Avait-il remis de l'ordre dans les rues algériennes ? Ou était-il devenu un boucher aux yeux de centaines de milliers d'arabes qui n'adhéraient pourtant pas aux actes du FLN ? À Gaza, comme dans le sud du Liban, nombreux sont ceux qui n'adhèrent à aucun parti, souhaitent vivre en paix et subvenir à leurs besoins, se tiennent loin du Hamas ou du Hezbollah. Lorsqu'ils subissent des bombardements, voient leurs récoltes et leurs bêtes détruites par des bombes au phosphore blanc, ils se rabattent pourtant du côté des milices qui apparaissent comme les seules, malgré des moyens limités, à pouvoir les défendre.

Le 11 septembre 2001 a marqué le monde entier par l'ampleur des attaques dont les Etats-Unis ont fait l'objet, par leur extrême médiatisation et par la symbolique de la fin d'un monde que beaucoup considéraient unipolaire. Sous l'impulsion de sa population et de ses alliés, encouragés par le droit international, le gouvernement américain de George W. Bush a lancé une guerre totale contre le terrorisme, visant d'abord le groupe Al-Qaïda et son leader Ousama Bin Laden, réfugié en Afghanistan avant de diriger son courroux contre l'Irak de Saddam Hussein, cette fois au mépris de ce même droit international. Le résultat ? Al-Qaïda existe toujours et a survécu à son emblématique dirigeant, l'État Islamique est sorti de terre après les exactions et la mise au ban d'une partie de la population irakienne, créant le chaos et la psychose jusqu'en Europe, l'Irak est un état failli où les milices chiites soutenues par l'ennemi iranien font la loi, et l'Afghanistan est retombé aux mains des Taliban. Alors que le soutien aux Américains était infaillible après le 11 septembre, un peu moins pour l'Irak, la réponse disproportionnée (environ 3000 morts le 11 septembre contre plus d'un million en Irak) est de l'avis de tous un échec stratégique. Le président Biden, qui soutenait pourtant l'intervention irakienne de 2003, a d'ailleurs prévenu ses homologues israéliens de ne pas reproduire cette erreur.

COMMENT RÉPONDRE AUX ACTES TERRORISTES ?


La réponse disproportionnée des États-nations à des actes terroristes soulève un dilemme philosophique complexe, où des considérations éthiques et morales se heurtent aux impératifs de la sécurité nationale. "Nous ne négocions pas avec les terroristes." Cette maxime pourrait être imputée à chaque dirigeant du monde, tant elle a été entendue. Elle exprime la volonté de ne pas plier face aux actes terroristes, dans un contexte de mandat politique (souvent) limité dans le temps mais aussi et surtout à la fois pour ne pas donner raison à ceux qui tombent dans le spectre de la violence, enfin pour dissuader d'autres d'y recourir afin de défendre une cause qui leur est chère.


Pourtant, le conflit qui s'est à nouveau embrasé ces derniers jours donne lieu à des questionnements légitimes à pareille situation. D'abord, la question de l'appellation "terroriste" a enflammé les médias français, alors que certaines familles politiques préféraient parler de "résistants contraints par la soumission, la répression et la violence dont ils font l'objet" d'en venir à la violence extrême. Cette appellation est aussi bien souvent d'ordre idéologique. Pour justifier d'actes de répression, lors de manifestations nationales par exemple, certains régimes n'hésitent pas à utiliser ce terme pour qualifier des pans entiers de leur population. À ce titre, l'exemple iranien est assez frappant. Les manifestations monstres qui ont émergé à la mort de Mahsa Amini ont été écrasées dans le sang, et les fameux "terroristes", en fait de jeunes femmes et hommes de la population civile, ont été emprisonnés et/ou exécutés à la suite de simulacres de procès.


La réponse engendrée sert-elle à reprendre du crédit auprès d'une population qui se rend compte qu'on leur a servi du "tout sécuritaire" à des fins électorales ?

Ici, la question n'est pas de définir ou de redéfinir le terme "terroriste" mais de constater que son utilisation peut parfois être une justification du choix de la réponse, toujours militaire. Vladimir Poutine argue quasiment à chaque discours de son impossibilité de faire autrement que d'envahir l'Ukraine pour assurer la survie de la Fédération de Russie. Cette impossibilité de choisir une autre voie, le premier ministre israélien l'a également mise en avant dans ses discours, faisant même le parallèle avec le 11 septembre, quand les Américains n'avaient d'autres choix que de frapper le plus fort possible. Le parallèle avec d'autres événements semble bien plus difficile à faire lorsqu'il s'agit d'évaluer les possibles conséquences d'une réponse militaire. En effet, comment se fait-il que chaque dirigeant de chaque nation puisse imaginer qu'une réponse militaire parviendra à la fois à rendre justice, à renforcer la sécurité nationale, à stabiliser une région entière et à éliminer toute menace terroriste alors que, dans toute l'Histoire, cela ne s'est jamais produit ? Comment se fait-il que les actes terroristes soient perpétrés durant les mandats de gouvernements qui mettent la sécurité de leurs concitoyens au premier plan, et dont les voyants sont au rouge ? Les réponses disproportionnées peuvent-elles être corrélées au fait que ces gouvernements commettent de graves erreurs stratégiques et politiques ? La réponse engendrée sert-elle à reprendre du crédit auprès d'une population qui se rend compte qu'on leur a servi du "tout sécuritaire" à des fins électorales ?


Bien entendu, aucun pays ne souhaite paraître faible dans le jeu des relations internationales, mais la faiblesse ultime ne réside-t-elle pas dans l'exagération de la force ? Longtemps, les théories géopolitiques et les dirigeants mondiaux, au sein d'organisations internationales ou non, ont tenté d'expliquer de manière philosophique et éthique la réponse à donner face aux menaces.

L'une des bases philosophiques pour évaluer la proportionnalité des réponses dans un conflit est la théorie de la guerre juste. Cette dernière établit des critères moraux visant à déterminer si une guerre peut-être justifiée ou non. Selon cette doctrine, la guerre doit répondre à plusieurs critères tels que la nécessité, la proportionnalité, et la distinction entre les combattants et les non-combattants.

L'élément de nécessité exige que la guerre soit le dernier recours pour atteindre un objectif légitime. Dans le cas des réponses aux actes terroristes, la question se pose : la violence militaire est-elle la seule option pour protéger la sécurité nationale, ou existe-t-il des alternatives moins radicales et plus proportionnées ? On lui oppose bien souvent la solution politique et la collaboration entre les États pour lutter contre les organisations terroristes. Dans le cas présent, la réponse si rapide de la défense israélienne, notamment par la voix de ceux qui ont proféré des menaces de représailles concrètes et prémonitoires, laisse présager de la précipitation avec laquelle les autorités israéliennes souhaitent se venger.


Le deuxième critère est la proportionnalité. Elle implique que les moyens employés dans la guerre doivent être proportionnels à l'objectif poursuivi. Si une réponse militaire entraîne des pertes civiles excessives, elle peut être alors être considérée comme moralement inacceptable. Une distinction doit également être faite entre combattants et non-combattants, les pertes collatérales doivent être minimisées et le but de l'opération militaire doit être de rétablir la paix et la coopération. Si l'on prend en compte tous ces critères, il apparaît évident que la réponse israélienne à l'attaque du 7 octobre 2023 est d'abord guidée par la vengeance. D'autre part, elle est d'autant plus illogique alors même que des ressortissants israéliens sont otages du Hamas et ont été faits prisonniers à Gaza. Le bombardement intensif de l'enclave risque de compromettre grandement leur survie, alors que l'immense majorité de la population attend d'abord une stratégie visant à sécuriser leur retour.

On peut comprendre que les défis éthiques se posent parfois en contradiction des intérêts nationaux et de la sécurité. Les pressions politiques et populaires comme les considérations de sécurité peuvent entraîner ces décisions disproportionnées, et les décideurs doivent jongler, en bien peu de temps, avec ces dilemmes complexes. On remarque que dans la majorité des cas, nous nous trouvons face à des dirigeants élus sur la base d'une volonté de reprendre la main sur l'appareil sécuritaire. Mais alors, pourquoi rester insensible aux renseignements étrangers ou locaux qui préviennent d'attaques imminentes ? Avant le 11 septembre 2001, la CIA alertait sur les risques d'attentats, et le commandant Massoud, assassiné deux jours avant, avait informé lors d'une conférence de presse qu'Al-Qaïda s'apprêtait à attaquer le sol américain. Quelques semaines avant le 7 octobre, le renseignement égyptien prévenait les services secrets israéliens de l'ébullition à travers la bande de Gaza. Pourquoi des gouvernements, bien souvent élus en exagérant presque la menace extérieure, n'écoutent-ils pas les alertes qui leur sont transmises ? C'est à croire que, dans le cas du Proche-Orient, l'extrême brutalité et la politique du gouvernement d'extrême-droite de Benyamin Netanyahou suffirait à calmer les ardeurs et le désir de vengeance des Palestiniens. Au-delà de la volonté de saboter tout processus de paix, ces dirigeants choisissent donc, en prime, de rentrer dans un processus de surenchère qui, en plus de coûter la vie à des millions de personnes, déstabilise une région entière, rendant encore plus dangereuse la cohabitation.


Ce point souligne donc l'importance de ces dilemmes philosophiques et éthiques dans le débat sur la réponse disproportionnée des États-nations aux actes terroristes. Elle met en évidence la nécessité d'un examen minutieux des justifications morales et légales des actions entreprises, ainsi que l'appel à une réflexion approfondie sur les conséquences de ces réponses sur les plans humanitaire et géopolitique.



DES PROCESSUS DE NORMALISATION ENTERRÉS ?


La Russie de Vladimir Poutine, en lançant son "opération militaire spéciale", a définitivement tourné le dos au monde occidental. Si les relations avec ce dernier ont souvent été difficiles, elles ont tout de même connu un net réchauffement à la fin de la Guerre Froide. Aujourd'hui, le Président Russe et les membres de son gouvernement justifient avec force leur guerre en prenant soin de mentionner la belligérance des Américains. La Chine reproche souvent aux États-Unis, par l'intermédiaire de ses diplomates, de rechercher la guerre plutôt que la paix. La réponse systématiquement militaire aux attaques terroristes pose donc également la problématique des relations diplomatiques et de l'évolution des processus de normalisation.


En continuant de pilonner Gaza avec autant de force, Israël s'expose à la redéfinition d'une architecture diplomatique mouvante dans la région.

Israël a longtemps été isolé au Proche-Orient, a du lutter pour sa survie dans un environnement hostile que presqu'aucune nation n'a connu dans son Histoire. Il en a résulté une volonté farouche de s'affirmer, des moyens de défense colossaux et certainement une paranoïa légitime et au-dessus de la moyenne. Pourtant, malgré l'échec des accords d'Oslo, le soutien perpétuel de la part d'alliés occidentaux qui ne sont plus en odeur de sainteté dans la région, et l'intensification de la colonisation en Cisjordanie, l'État hébreu avait réussi à s'affirmer en tant qu'acteur majeur dans la région, entamé des relations diplomatiques avec les pays du Golfe et même entrepris un processus de normalisation avec l'Arabie Saoudite. S'il est vrai que ce rapprochement est aussi à imputer à la montée en puissance de l'Iran perse qui inquiète une majorité du monde arabe, il n'en reste pas moins une réussite stratégique importante qui garantissait à Israël davantage de sécurité. Or, la question palestinienne, même si elle a parfois perdu du poids dans les opinions publiques, ne peut se démarquer de la question religieuse. Alors que l'Arabie Saoudite a ouvert de nouveau sa porte à l'adversaire iranien, le processus de normalisation avec Israël est aujourd'hui au point mort, en tout cas largement entravé.


En sachant que Tsahal est bien plus puissante que ne le sera jamais le Hamas, cela vaut-il le coup de saboter des années d'efforts diplomatiques pour montrer que l'on peut frapper plus fort que son adversaire ? Les risques d'une telle opération sont donc multiples : en continuant de pilonner Gaza avec autant de force, Israël s'expose à la redéfinition d'une architecture diplomatique mouvante dans la région. Plutôt à son avantage ces dernières années, malgré une politique de persécution de la population palestinienne, comme de la population israélienne arabe de plus en plus stigmatisée, le pays risque de déconstruire de fait ce qui a été entrepris lors de cette dernière décennie. L'Arabie Saoudite, qui misait sur une reconnaissance historique de l'État d'Israël, a donc mis en pause toute correspondance avec les diplomates de l'État hébreu. Les États-Unis, désireux de remporter une étincelante victoire diplomatique dans la région (à l'image de leur rival chinois qui a pesé dans la reprise du dialogue irano-saoudien), vont s'empresser de tenter de retenir le bras armé d'Israël aussi pour cette raison. Le "nouveau Proche-Orient" porté par Netanyahou à l'ONU pourrait bien se retrouver anéanti si l'armée israélienne faisait passer Gaza de prison à ciel ouvert à terre de désolation. En effet, en imaginant qu'Israël parvienne à éradiquer toutes les branches du Hamas (objectif déjà défini en décembre 2008 lors de l'opération 'Plomb durci'), qu'adviendra-t-il par la suite de l'enclave palestinienne ?


On imagine assez mal qu'une fois que Tsahal se sera retirée, le gouvernement israélien aide à la reconstruction, déploie une aide humanitaire et investisse dans la paix. Même dans le cas où cette mission serait celle de la communauté internationale, qui s'engagerait alors à sauver le peu qu'il reste à sauver, la destruction, le chaos et la brutalité d'une guerre n'auront comme effet que de nourrir le ressentiment, notamment de ceux qui ont perdu des proches. Ces derniers feront partie de l'immense majorité. Ce ressentiment fera renaître de ses cendres le Hamas ou permettra l'éclosion et l'émancipation de nouveaux foyers de terrorisme. Un changement de gouvernement en Israël n'est pas à exclure non plus, mais même un gouvernement de gauche désireux de s'engager sur la voie d'une paix durable et commune continuerait de subir les conséquences d'une réponse démesurée à l'attaque terroriste du 7 octobre.


L'URGENCE D'UNE NOUVELLE RÉPONSE


Il est plutôt rare que les attaques terroristes fassent des milliers de morts. Ce fut le cas aux États-Unis ou en Israël. Le but premier d'une attaque, même d'ampleur, n'est pas de compter les morts. D'ailleurs, face à une armée nationale qui entre en guerre, la comparaison en termes de perte n'a plus lieu d'être.


S'il reste donc impossible pour un quelconque dirigeant de négocier avec des terroristes, il devient évident que le terrorisme, en agissant de la sorte, continue de remporter des batailles.

Ce qui compte lorsqu'un groupe mène une attaque terroriste, c'est l'impact psychologique qu'elle arrive à créer. Dans le cas de l'attaque du Hamas, cela se vérifie. En aucun cas, cet "acte de résistance" n'aurait ni pu faire vaciller la démocratie israélienne, ni remettre en cause son existence. Mais les terroristes ont réussi plusieurs choses : accroître la peur au sein de la population, faire tomber de son piédestal un gouvernement qui, en renforçant une politique d'apartheid, se pensait sur la voie de la sécurité, remettre sur le devant de la scène une cause palestinienne en perte de vitesse, briser le cycle de normalisation entre Israël et certains pays arabes. Jamais cette attaque n'a eu comme objectif majeur la protection des palestiniens puisqu'il était évident qu'Israël entrerait en guerre en guise de réponse. S'il reste donc impossible pour un quelconque dirigeant de négocier avec des terroristes, il devient évident que le terrorisme, en agissant de la sorte, continue de remporter des batailles.


C'est encore une fois ce que l'on constate dans cette nouvelle guerre de Gaza. Et si les appels au cessez-le-feu sont incessamment répétés, le "droit d'Israël à se défendre" n'est pas non plus remis en cause. Alors, la solution semble sans issue. Un pays attaqué se réserve le droit de répliquer et cette règle n'empêche pas les dérives. Ainsi, l'ensemble des dirigeants mondiaux qui lancent des guerres se justifient par les attaques dont leurs États font l'objet. Il paraît assez invraisemblable que Vladimir Poutine accuse Israël d'être responsable de la guerre alors que son pays n'a pas subi la moindre attaque sur son sol de la part de milices ukrainiennes avant le début de l'invasion en 2022. Tout ne serait donc qu'une question d'interprétation ? En partant de ce principe, difficile de trouver une issue au(x) conflit(s) en cours. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Matraquer une zone parce que des terroristes s'y trouvent ne permet pas de réduire leur capacité de nuisance. Au contraire, cela créé de nouveaux foyers terroristes.


D'autres endroits dans le monde n'attendent qu'une étincelle pour s'enflammer. Que se passerait-il si, demain, des indépendantistes taïwanais provoquaient une attaque terroriste à Pékin ? La réponse chinoise serait sans doute implacable. Elle obligerait les membres du Conseil de Sécurité à se positionner sur la question. Et la position justement officiellement ambiguë des États-Unis sur la question taïwanaise poserait alors d'immenses problèmes.

Alors, quelle pourrait être la solution ? Courber l'échine devant la terreur ? Si un quelconque processus de paix reprenait dans les jours, semaines ou mois à venir, cela contribuerait à justifier la terrible attaque du 7 octobre. Aucun pays, aucun gouvernement n'accepterait cela. Après le 13 novembre 2015, la France a intensifié ses bombardements en Syrie et en Irak pour réduire à néant la capacité de nuisance de l'État Islamique. Sans nul doute, des civils ont été touchés. C'est indéniable. Pourtant, cette montée en régime de la violence n'accouche de rien de bon. Aujourd'hui, la négociation n'est pas de mise, et pourtant, personne n'a le choix. Pas même Israël.


Si le pays souhaite effectivement le retour des otages, il doit espérer négocier ce retour. Il ne le fera pas avec des bombes. La solution politique reste la seule viable, et le gouvernement actuel doit acter son échec, récupérer les otages sains et saufs si cela est encore possible et se retirer pour laisser un gouvernement négocier la paix. Le Hamas a été porté au pouvoir par une population à bout. La diplomatie mondiale doit montrer qu'elle est encore debout et doit faire front contre ces représailles démesurées qui n'ont pas de fin et font progresser la haine envers ceux qui la provoquent, obligeant le monde à subir ce cercle vicieux.


Ce type de réponse n'éradique rien, sinon tout espoir de paix.

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