top of page

Dernière mise à jour : 1 déc. 2023




Dans cette deuxième partie, nous allons nous concentrer sur les tensions fortes qui émaillent les relations internationales et qui sont susceptibles de dégénérer en conflit ouvert.


Conflit entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda


Le mouvement du 23 Mars (M23) est un groupe armé rebelle né après la signature du traité de paix signé entre le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et le gouvernement de la RDC pour tenter de mettre fin à la guerre du Kivu. Estimant que l'accord n'a pas été respecté par les forces gouvernementales, une partie des combattants du CNDP ont donc formé le M23 et prenaient en 2012 la ville de Goma au Nord-Kivu. En 2013, la faction était dissoute. Fin 2022 pourtant, les rebelles du M23 se trouvaient à nouveau aux portes de Goma, marquant une résurgence aussi inespérée que surprenante. Dans ce conflit, le rôle du Rwanda est prépondérant. En effet, le pays des milles collines est accusé de soutenir et d'armer le M23. Des accusations confirmées en décembre par un rapport de l'ONU.

D'un point de vue contextuel, la région des grands lacs est une zone stratégique pour ses acteurs, avec la présence de ressources minières très importantes. 80% de la production mondiale de Cobalt y est d'ailleurs extraite. Des problématiques structurelles et historiques complexifient encore la situation (découpage des frontières lors de la colonisation, génocide des tutsis au Rwanda...) Ce conflit entre les gouvernements de Kigali et de Kinshasa témoigne d'une tentative de déstabilisation de la région du Kivu et, pour certains, du territoire entier de la RDC. En prime, en 2007, en pleine guerre du Kivu, les forces armées congolaises annonçaient la fin des hostilités avec les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), qui souhaitent voir renversé le président rwandais Paul Kagame. Cette étape a encore exacerbé les tensions entre les deux gouvernements.

Dernièrement, de nouvelles oppositions menacent de faire éclater ce conflit en une guerre ouverte entre les deux pays frontaliers. Si Kigali a démenti toute ingérence dans les affaires congolaises et tout soutien au M23, c'est une partie de poker menteur qui semble se jouer entre les deux gouvernements. Le Rwanda accuse désormais la RDC d'être l'allié des FDLR. En réponse, la RDC confirme pourtant combattre les éléments résiduels de ce groupe, composé de Hutus (dont certains auraient participé au génocide rwandais) qui n'opère pas au Rwanda et ne serait donc, selon les dires du gouvernement congolais, pas une menace pour le régime de Kigali. Dernièrement, la RDC a été accusée d'avoir violé l'espace aérien rwandais : en conséquence, un Sukhoi 25 aurait été la cible de tirs de roquettes. Ce genre d'événement comporte toujours un risque important d'escalade et pourrait mener à une guerre entre les deux pays. La communauté internationale multiplie les appels à la désescalde, sans effet pour le moment.

Ce conflit doit être analysé en prenant en compte les problèmes structurels de la RDC ainsi que la situation, tant économique que politique du Rwanda. En effet, si le gouvernement de la RDC apparaît impuissant malgré le soutien des organisations internationales, c'est aussi à cause de la défaillance du système issu des années Mobutu. L'ancien dictateur, symbole d'un pouvoir dit kléptocrate, a largement contribué à l'émergence de nombreuses milices et factions rebelles en leur permettant de se financer via les multiples ressources minières congolaises. Cela a entraîné une large déstabilisation au sein d'un pays, pourtant 90 fois plus grand que son voisin rwandais, neuf fois plus peuplé et disposant d'un des sols les plus riches d'Afrique. Un sol que convoite le Rwanda, qui s'inquiète de voir son agriculture (sa principale source de revenus) se dégrader sous l'effet du poids démographique et du changement climatique. Cet élément ajoute un nouvel acteur dans le conflit, l'Ouganda, qui se verrait bien en concurrent direct du Rwanda dans l'exploitation des richesses congolaises. La situation économique rwandaise, relativement bonne dans un environnement où la corruption est la norme, lui offre en prime de bonnes relations avec ses partenaires internationaux comme auprès des organisations financières, compliquant encore cette équation explosive.



Conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan


En 2020, une résurgence du conflit dans le Haut-Karabagh, cette enclave arménienne en Azerbaïdjan, s'est terminée après 44 jours de combat par la signature d'un accord de cessez-le-feu sous l'égide de la Russie, largement défavorable aux arméniens, et même qualifié de victoire militaire par l'Azerbaïdjan. Ce conflit est né de la proclamation d'indépendance de la région autonome du Haut-Karabagh, peuplée d'arméniens mais située en Azerbaïdjan, après la chute de l'URSS. En 1994, l'Arménie a récupéré une partie des territoires qu'elle estimait siens. Mais en 2020, le conflit a pris une nouvelle tournure. L'attaque démarrée à Stepanakert par l'Azerbaïdjan a suscité de nombreuses réactions dans le Caucase de la part des puissances régionales.

En effet, la Russie, désireuse de protéger l'Arménie, n'emploie pas pour autant la force face aux militaires azerbaïdjanais car elle entretient également des relations étroites avec le régime de Bakou. Il faut dire que ces deux pays sont d'anciennes républiques soviétiques, et donc plus ou moins sous une sphère d'influence russe. La Turquie est loin d'avoir les mêmes considérations. Ennemi historique de l'Arménie, le pays du Bosphore soutient massivement l'Azerbaïdjan, pays musulman, dans sa reconquête des territoires disputés. L'autre acteur dans ce conflit devenu majeur (plus de 7000 morts en 44 jours), c'est l'Iran. Loin des considérations religieuses, la République Islamique appuie l'Arménie, pourtant chrétienne, s'inquiétant des velléités sécessionnistes des Azeris qui peuplent sa partie nord, et qui pourraient s'exacerber sous la dynamique de la victoire de Bakou. Car c'est bien une défaite que l'Azerbaïdjan a infligé à Erevan, récupérant les territoires annexés en 1994 et le contrôle total du sud du Haut-Karabagh.

Mais ce conflit est loin d'être terminé. Si une résurgence de la lutte armée n'est pas encore à l'ordre du jour, plusieurs éléments indiquent que le cessez-le-feu n'a pas mis un point final à cette guerre. D'abord parce que le corridor de Latchin, seule route permettant de relier le Haut-Karabagh à l'Arménie, fait l'objet d'un blocus organisé par l'Azerbaïdjan. Ce blocus, qui comporte toutes les caractéristiques d'une opération militaire de déstabilisation (interdiction de traverser, routes bloquées, mise en place de tickets de rationnement pour la population, coupure des télécommunications et de l'approvisionnement énergétique...) est présenté comme l'œuvre de militants écologistes par les autorités azerbaïdjanaises. Ce type de répression menée à l'encontre d'une population n'a pas pour habitude de déclencher une désescalade, bien au contraire.

Par ailleurs, la situation géopolitique dans la région, et notamment parmi les puissances étrangères influentes, a bien changé depuis la signature des accords, en novembre 2020. La Russie, qui a déployé un contingent de maintien de la paix jusqu'en 2025, souffre de la situation de bourbier dans lequel elle s'est engagée en Ukraine. L'Iran réprime avec violence la révolte qui gronde depuis septembre 2022 et la mort de Mahsa Amini et une menace de sécession de sa population azéri, si elle n'est pas d'actualité, pourrait être encouragée par l'ampleur de cette répression. La Turquie, elle, a profité de ce contexte international incertain pour se refaire une santé au niveau diplomatique, alors que sa situation intérieure est pourtant relativement difficile.

Enfin, le statut de l'Azerbaïdjan a lui-même évolué sous les auspices de la guerre en Ukraine. Le pays a signé un partenariat pour la fourniture d'hydrocarbures à l'Union Européenne dans le but d'affranchir cette dernière de sa dépendance à la Russie, compliquant alors les prises de positions internes destinées à condamner les actes répréhensibles de l'Azerbaïdjan envers la population arménienne.


15 vues0 commentaire

Comments


bottom of page